Le Roleplay, Indispensable à un bon JDR ?

C’est quoi le Roleplay ?

On utilise le mot anglais roleplay (abrégé RP) pour désigner l’interprétation, cela signifie souvent de jouer des « interactions sociales » entre des personnages en jeu, que ce soit des personnages joueurs (PJ, interprétés par les joueurs) ou personnages non joueurs (PNJ, interprétés par le MJ).
On associe en général l’interprétation du rôle à l’identification du personnage. L’identification facilite l’interprétation, et permet aux autres joueurs de mieux entrer dans l’univers du jeu.

Le Roleplay, ce n’est pas si simple !

Il faut l’avouer, nous ne sommes pas tous égaux face au Roleplay. Pour certains la pratique vient presque naturellement, pour d’autres elle demande bien plus d’efforts.
La première étape de l’interprétation c’est de réussir à passer de phrases à la troisième personne « mon personnage fait… » à des phrases utilisant la première personne « je fais… », et à formuler directement les phrases prononcées par le personnage plutôt que de dire « mon personnage dit que… ». Exemple :

MJ : Vous rentrez dans le bar au coin de la rue, vous y trouverez le barman en pleine discussion avec un client, que faites-vous ?

Michel : Mon personnage s’approche du barman, lui demande un verre et profite d’avoir son attention pour lui demander s’il a déjà vu la personne sur la photo.

Ici Michel décrit la scène, il ne l’a pas interprété. Michel aurait pu dire :

Michel : Je m’approche du barman et lui dis : « Bonjour, pourrais-je avoir un whisky s’il vous plaît ? N’importe lequel me conviendra. » ‘interprétation en utilisant les manières du PJ, ici Michel a décidé de le jouer poliment car son PJ un homme distingué.’

MJ (interprète le barman) : « Bien sûr m’sieur, tout de suite ! » ‘Interprétation avec langage qui reflète son rang social’

Michel : « Excusez-moi, j’aurais une photo à vous montrer, pourriez-vous me dire si vous avez déjà vu cette personne ici ? » et je lui tends la photo.

L’immersion

Plus on est en immersion dans un JDR, plus il sera facile d’interpréter son personnage. Tout dépend du JDR et de l’ambiance, mais si vous faites un JDR dans un univers dans lequel vous êtes très à l’aise, vous saurez plus facilement vous mettre dans l’ambiance.

Ça reste principalement le rôle du MJ de vous permettre d’être en immersion. C’est la description des différentes scènes qui va permettre à chaque joueur de se les imaginer.

Comme l’a dit un MJ de la communauté :

« C’est intéressant de voir comment la vision de chaque joueur est variée. C’est donc bien de laisser de la liberté d’imagination aux joueurs. »

Exploitez donc votre imagination sans ménagement.

Quand on le PEUT, c’est aussi très intéressant d’avoir des accessoires, voire un costume, lié à son personnage : avec notre groupe de JDR régulier, il nous arrive de nous costumer lors de nos parties.

Lors de nos session sur l’Appel de Cthulhu, se déroulant dans les année 20, ce n’est pas trop compliqué à mettre en place. Et il faut se l’avouer, nous n’avons pas la même attitude dans un costard que dans un jean/t-shirt. Quelquefois notre MJ ramène même des lumières et une machine à fumée. Y’a pas à dire, il sait mettre l’ambiance et ça donne des frissons.

Mais notez que c’est un plus, pas besoin de tout ça pour passer un bon moment.

Être trop RP ?

Vouloir être à fond dans son personnage c’est super, mais pas au point de déranger la partie en elle-même. Si on joue un PJ qui a un caractère tel qu’il empêche le JDR d’avancer, là on peut vite déranger tout le monde.

Évidemment ça peut être très amusant de jouer un tel personnage, mais si c’est pour pourrir la séance de tout le monde et être le seul à s’être amusé, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? La difficulté ici, c’est de trouver le juste milieu pour exploiter pleinement l’interprétation du PJ tout en permettant aux autres joueurs et au MJ de s’amuser et profiter du jeu tout autant que vous.

Jouer un personnage en désaccord avec le reste de son groupe peut souvent être intéressant et permettre d’apporter un point de vue inattendu sur certaines situations, ou de résoudre des problèmes de manière détournée. Mais lorsque la contradiction est poussée au point de s’engager dans des débats interminables sur les actions les plus triviales, ralentissant considérablement le rythme du jeu et transformant chaque discussion en engueulades, là plus personne ne s’amuse. Il faut donc savoir où et quand s’arrêter et laisser son personnage céder à l’avis du groupe.

Être trop dans son personnage peut aussi être un problème s’il y a des malentendus qui se créés. On peut paraître tellement naturel dans ce que l’on dit qu’on donne l’impression de s’adresser de joueur à joueur et non de personnage à personnage. Voici un petit exemple :

Ce jour-là, nos PJ étaient dans une situation très stressante. Alors j’ai décidé de la jouer un peu sur les nerfs et c’est ainsi que j’ai commencé à faire s’énerver mon PJ sur le PJ d’un autre joueur.

C’est là que mon ami m’a dit :

Lui : « Mais Justine, pourquoi tu t’énerves contre moi ? »

Moi : « Mec… C’est du RP, j’ai aucune raison d’être énervée contre toi ! »

Je m’étais tellement énervée qu’il y a vraiment cru !

Mais c’est très bien qu’il m’ait fait la remarque. Si vous vous sentez mal à l’aise à un moment dans un JDR, il ne faut pas hésiter à en parler. Peut-être à la fin du JDR par exemple ! En parler à l’autre directement, aux autres joueurs, au MJ, ou même à un membre du bureau D&R. Les non-dit peuvent nourrir les malentendues, la communication est une des meilleures solutions !

Au final pour interpréter un personnage, on doit exprimer des émotions. on utilise souvent nos propres émotions, ce qui rend l’interprétation plus réelle et donc peut porter à confusion.

« Il y a une partie de vrai dans l’interprétation : si je m‘énerve RP, je m’énerve un peu en vrai. »

Retenez une chose : Tous ça n’est qu’un jeu, il faut savoir prendre du recule sur la situation quitte à casser l’immersion si c’est pour le bien-être d’une personne autour de la table.

Des conseils pour s’améliorer ?

  • Expérimenter pour savoir le type de caractère qui nous correspond : Il est toujours plus simple d’interpréter des personnages qui se rapprochent de notre personnalité. Au fur et à mesure que vous allez faire des JDR, vous aurez l’occasion de tester des choses nouvelles, profitez des One shot, JDR qui ne durent qu’une séance, pour expérimenter des personnages avec lesquels vous avez de grandes chances de ne jamais rejouer. Comme ça pas de regret si le personnage ne vous plaît pas !

  • Attention ce qui parait simple à jouer ne l’est pas forcément et vice-versa :
    • Une des choses les plus difficiles à interpréter c’est l’intelligence. Ça dépend du JDR et de votre personnage, mais jouer un génie quand on ne l’est pas, c’est quasi-impossible. Vous avez déjà essayé d’être dans la tête de Sherlock Holmes ? Personnellement je ne préfère même pas essayer.
    • A contrario, jouer l’abruti ce n’est pas si simple. Imaginez, vous avez une réflexion très intelligente à soumettre qui pourrait fortement faire avancer le scénario alors que vous voyez les autres joueurs ramer. Mais vous êtes un abruti profond… Comment votre personnage aurait pu penser à un truc pareil ? Maintenant c’est à vous de vous débrouiller pour faire comprendre aux autres ce qu’il faut sans sortir de votre rôle d’idiot du village. Allez, un peu de réflexion et vous aurez la solution !
  • L’important c’est d’essayer ! Même si vous n’êtes pas très à l’aise, si vous essayez, les autres joueurs le verront. C’est aussi aux joueurs, entre eux, de maintenir cette immersion. Bah oui, c’est quand même plus simple d’être dans son personnage si les autres joueurs le sont aussi !

  • C’est aussi une question d’investissement personnel :
    • Évidemment dans un one shot on joue souvent un pré tiré ou un personnage fait à la va-vite, c’est moins facile de s’investir dans le RP car on sait qu’on risque de ne jamais revoir ce personnage.
    • A l’inverse, un personnage voué à être joué sur plusieurs parties fera naître l’envie de s’investir bien plus dans sa création et dans son interprétation.
    • Attention, créer un personnage auquel vous vous attacherez est loin d’être simple. Pour sa création, il est intéressant de l’enrichir au mieux, lui donner une véritable histoire qui donnera envie de le jouer. Mais ce n’est qu’une fois en jeu que vous saurez si c’est un personnage vraiment important pour vous. Personnellement j’ai réussi à faire 2 personnages comme ça pour le moment. Ce sont des personnages avec lesquels j’ai une certaines facilité d’interprétation. Je ne suis encore jamais sortie frustrée d’un JDR avec ces personnages. Et oui, jouer un personnage qui ne nous plaît pas vraiment, c’est vite frustrant !
  • Mais il ne faut pas se mettre la pression et écrire un Background encyclopédique ! Certains, comme moi, ont besoin d’écrire un petit, voir un gros, Background alors que d’autres se contenteront parfaitement d’un simple concept pour élaborer un personnage.

 

« Pour moi faire du jeu de rôle, c’est incarner un personnage, donc jouer un rôle »

Choix du MJ :

Lorsqu’un groupe joue sa partie en roleplay, le MJ se doit de suivre le mouvement lorsqu’il incarne ses différents PNJ. En effet, rien de plus frustrant pour un groupe en roleplay que de se trouver face à un MJ brisant l’immersion. Le rôle du MJ serait plutôt d’encourager le RP, d’incarner ses personnages de façon à amener avec lui ses joueurs au sein de l’univers qu’il dépeint. 

Si vous êtes MJ et que vous avez du mal à incarner vos PNJ ce n’est pas grave ! Ça viendra avec le temps.

Certain MJ peuvent considérer l’immersion apportée par le roleplay comme une récompense en elle même, d’autres peuvent l’encourager grâce à des récompenses plus concrètes, comme par exemple des informations plus précises, des bonus sur les jets de dés ou même des points d’expérience. Attention, il ne faudrait pas délaisser ceux qui ont du mal à être RP, essayer d’interpréter son personnage mérite également récompense ! A l’inverse, un joueur brisant volontairement l’immersion des autres pourrait se voir punir

Au final, c’est indispensable ?

C’est un point d’équilibre à trouver en fonction du MJ, des PJ et du JDR. Beaucoup sont d’accord pour dire qu’un JDR où le MJ et les PJ interprètent les personnages rend l’expérience plus marquante et plus satisfaisante.

D’autres peuvent se trouver trop mal à l’aise avec cette idée, ou simplement ne pas trouver d’intérêt de la pratique du roleplay. C’est un point primordial qui devrait être abordé et débattu par le groupe au moment de l’organisation d’une partie, afin que chacun sache à quoi s’attendre et que personne ne se sente lésé.

Le roleplay ne devrait donc pas être considéré comme indispensable, mais comme un bonus, une touche en plus, apportant énormément à ceux voulant s’immerger dans la partie. L’interprétation permet de donner vie à l’histoire et aux personnages. Vous n’êtes plus là pour décrire et assister à une aventure, mais pour la vivre

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